Par définition, le besoin en fonds de roulement (en abrégé, le BFR) représente la somme numéraire qu’une entreprise doit financer afin couvrir les besoins résultants des décalages des flux de trésorerie . Ces derniers correspondent aux décaissements liés aux dépenses et aux encaissements provenant des recettes du fait de son activité.Lorsque l’on évoque le BFR, on parle bien de la trésorerie, l’un des points de contrôle les plus importants pour une société donnée. C’est d’ailleurs ce que l’on appelle un indicateur clé de la performance (KPI), le plus souvent tiré du Bilan annuel de l’entreprise.
Souvent, les créances contractées des suites d’une commande par exemple, ne sont pas réglées immédiatement et parfois intégralement par le client ; Un prestataire de service va par exemple avoir un encaissement retardé du fait de la réalisation même de sa prestation.
Le stock aussi est une variable à intégrer puisque les marchandises ne sont pas nécessairement vendus tout de suite. Si des entreprises fonctionnent en flux tendus, le stock représente généralement une trésorerie avancée que l’on impute alors dans le calcul du BFR.
L’ensemble de ces décalages constatés par les chefs d’entreprise génèrent un besoin financier au sens propre qui doit être financé, avant tout par la négociation des délais de paiement auprès des fournisseurs, mais surtout par ce que l’on appelle le fonds de roulement, la trésorerie au final.
Étudions dans cet article les cas classiques et atypiques du Besoin en fonds de roulement, les modes de calcul et les exemples possibles.
- Pourquoi le Besoin en fonds de roulement est important ?
- Comment calculer le Besoin en fonds de roulement prévisionnel ?
- Comment estimer les délais de paiement, de règlement, et de rotation des stocks ?
- Calcul du BFR en cours d’activité
- Exemple de variation du Besoin en fonds de roulement
- Comment minimiser les conséquences du BFR ?
- Exemple de Besoins en fonds de roulement atypique
Pourquoi le Besoin en fonds de roulement est important ?
Par nature, les flux de votre entreprise conditionnent la pérennité de celle-ci. On peut avoir un chiffre d’affaires en augmentation mais se retrouver avec des créances trop importantes à assumer. La notion de besoin est ici primordiale dans la compréhension du phénomène. Chiffrer implique d’ailleurs dans de nombreux cas un accroissement de ces besoins de trésorerie pour couvrir les décalages. Il existe bien entendu des remèdes aux maux de la trésorerie comme nous les abordons en fin d’article mais il s’agit avant tout de connaître la réalité des conséquences d’un BFR important.
Conditionnant donc le financement du stock ou du paiement des dettes de l’entreprise, le besoin en fonds de roulement peut handicaper le développement d’une entreprise quelle qu’elle soit. Cela dit, toutes les activités ne sont pas égales au regard de ce besoin. Étudier le BFR au démarrage de votre activité ou durant la vie de l’entreprise ne se fait pas à la légère : Faites-le le plus régulièrement possible pour avoir la latitude et les marges de manœuvres nécessaires en amont du défaut de trésorerie. Zoom sur ces temps forts :
- En amont de la création de votre entreprise
Le Besoin en fonds de roulement est étudié dans la partie financière de votre business plan. Il fait l’objet d’une attention particulière de la part des professionnels de la création d’entreprise et son calcul peut conditionner réellement la faisabilité du projet. On le budgète dans la partie des besoins, au même titre que les investissements corporels et incorporels. Le petit hic est que les banques qui financent votre projet de création d’entreprise peuvent tiquer à financer du Besoin en Fonds de Roulement. On se tourne généralement alors vers les apports que vous pouvez constituer vous ou vos associés, éventuellement aussi auprès d’organismes prêteurs plus tolérants comme les plateformes d’initiatives locales, les organismes de prêts à taux zéro, etc.
Soyez précautionneux(se) dans son calcul, de nombreuses jeunes entreprises cessent leur activité prématurément à cause d’une mauvaise estimation du BFR.
- Pendant la vie de votre entreprise
Comme nous l’évoquions au tout début de l’article, par définition, le BFR est un indicateur clef de votre entreprise. La recherche constante de croissance peut conduire à des difficultés du point de vue de la trésorerie. Contrôler à l’aide de tableaux de bords les créances, dettes et stocks permet d’anticiper ces complications. Vous pouvez le faire de manière périodique (que ce soit toutes les semaines, tous les mois ou tous les trimestres) mais prenez en compte également la saisonnalité des événements passés. Nous voyons un peu plus loin un exemple concret de calcul. Dans tous les cas, ces remontées et analyses permettent de prendre les décisions qui s’imposent avant de devoir déposer les clés de votre business.
Comment calculer le Besoin en fonds de roulement prévisionnel ?
Si il est possible de se demander quand faire le calcul du BFR, il est, comme nous l’avons vu plus haut, deux moments clés où le faire :
Lorsque vous faites votre prévisionnel d’activité, estimez l’investissement nécessaire, songez aux conséquences d’un cycle d’exploitation maximum. Si votre chiffre d’affaires est censé augmenter, l’usage du compte de résultat prévisionnel de fin d’année est a priori suffisant mais si votre activité a un caractère saisonnier, songez à l’intégrer dans votre calcul du besoin en fonds de roulement. Vous aurez besoin de plusieurs données pour le faire :
- Les stocks de matières dont votre société aura besoin de disposer à tout moment, en tenant compte bien entendu des délais pour l’approvisionnement des fabrications, des contraintes si vous êtes commerçant, artisan ou industriel. Notez que la commande ne fait pas la livraison auprès de vos fournisseurs !
- Ce que l’on appelle en comptabilité les stocks d’en-cours qui se calculent relativement à la durée du cycle de fabrication, des coûts de production (a priori imputables comme la main d’œuvre, l’énergie, les transports et d’autres coûts externes) ;
- Vos stocks de produits finis (si vous les fabriquez) essentiels a minima pour faire face à la demande prévisionnelle ;
- Le volume des créances clients prévisionnelles en attente de règlement estimé en TTC. Oui, les encaissements s’étudient ici avec la TVA incluse parce que celle-ci fait partie du flux financier ;augmentant, celles-ci sont plus importantes) mais aussi du délai moyen de paiement (soyez large là aussi) ;
- Le montant des dettes fournisseurs évaluées là encore en TTC . Ce que l’on appelle du point de vue comptable le délai de paiement fournisseur. Vous comprenez la logique d’espérer un allongement des règlements parfois, sur de grosses commandes notamment.
Pour calculer le Besoin en Fonds de Roulement à partir de ces données, rien de plus simple :
BFR = Stock moyen HT + Encours moyens des créances Clients TTC – encours moyens dettes fournisseurs TTC
Il est toutefois plus judicieux de pousser la réflexion sur d’autres postes comptables avec l’étude du bilan annuel de l’entreprise lorsque celle-ci est en cours d’activité.
Comment estimer les délais de paiement, de règlement, et de rotation des stocks ?
C’est une question finalement simple si vous avez une bonne vision de la réalité de votre cycle de production. Ce sont dans la pratique des ratios financiers à analyser régulièrement, ils sont au nombre de trois :
Estimez dans un premier temps le délai de paiement négocié auprès des fournisseurs, puis le délai de règlement accordé aux clients et enfin le délai de rotation des stocks. Pour faire les calculs, il suffit de prendre ces formules, toujours sur la base d’une année comptable (c’est-à-dire 360 jours) :
- Délai de paiement des fournisseurs (en jours) = (Dettes Fournisseurs / Achats TTC) x 360
- Délai de règlement des clients (en jours) = (Créances Clients / Chiffre d’affaires TTC) x 360
- Délai de rotation des stocks (en jours) = (Stock moyen / coût de production ou de fabrication) x 360
En général, le délai de règlement des clients est le point jugé le plus crucial pour l’ensemble des entreprises. Et en effet, si vous avez une clientèle de particuliers ou de professionnels, ce n’est pas la même chose. Bien que la loi impose un règlement dans les 90 jours, il arrive souvent que certaines branches soient impactées par des délais bien plus longs dans la pratique.
Calcul du BFR en cours d’activité
Tournez vous vers ce que l’on nomme dans le jargon votre bilan d’activité comprenant à la fois les parties « ACTIF » et « PASSIF » ainsi que votre compte de résultat d’exploitation. Ce dernier n’est pas ici utile. Sur la partie bilan proprement dite, la partie actif représente les emplois et la partie passif les ressources. Ces éléments permettent d’étudier le Fonds de Roulement mais c’est un autre sujet que nous aborderons dans un autre article.
Vous pouvez dès lors procéder à ce calcul :
Besoin en Fonds de Roulement = Emplois d’exploitation – Ressources d’exploitations
La littérature sur le sujet parle aussi de la soustraction entre Actif Circulant et passif circulant. (Le bas de votre bilan).
Les emplois d’exploitation comprennent les stocks en cours, les clients et comptes rattachés, les effets escomptes non échus, les autres créances et les charges constatées d’avance. Les ressources d’exploitation, quant à elles, comprennent les fournisseurs et comptes rattachés, les dettes fiscales et sociales et les autres dettes.
Souvent, il est difficile de comprendre pour un néo-entrepreneur que les dettes fiscales et sociales constituent des ressources, c’est pourtant le cas ici et c’est un plus à intégrer dans la trésorerie estimative nécessaire ua financement du BFR. Malheureusement, c’est souvent insuffisant comme nous le voyons plus loin par l’exemple.
Exemple de variation du Besoin en fonds de roulement
Chaque année, avec l’apport de votre bilan, vous pourrez estimer la variation de votre BFR. C’est une donnée importante qui peut s’estimer dès la création et qui montre à quel point cet indicateur de performance pour votre entreprise est tributaire du cycle d’exploitation. Dnas l’exemple qui suit, vous avez tous les éléments à la fois pour une entreprise commerciale et artisanale (avec production) :
Poste | Année N | Année N+1 | Année N+2 |
---|---|---|---|
BESOINS ISSUS DU BILAN | |||
Stock de marchandises | 17000 | 27400 | 35000 |
Stock de matières | 3000 | 3500 | 4500 |
Créances clients (pour les marchandises) | 13000 | 16000 | 20000 |
Créances clients (Pour les produits) | 18000 | 40000 | 50000 |
Crédit de TVA | |||
TOTAL DES BESOINS | 51000 | 86900 | 109500 |
RESSOURCES | |||
Achats de marchandises | 9000 | 18000 | 30000 |
Achats de matières premières | 9000 | 120000 | 20000 |
Total des achats | 18000 | 30000 | 50000 |
Impôts et taxes | 9000 | 12000 | 20000 |
Cotisations sociales | 6000 | 13000 | 15000 |
TVA à payer | 5000 | 7000 | 10000 |
TVA à collectée | 4500 | 8000 | 10000 |
Impôts sur les sociétés | 0 | 3500 | 5000 |
TOTAL DES RESSOURCES | 42500 | 73500 | 106000 |
BESOIN EN FONDS DE ROULEMENT | 8500 | 13400 | 3500 |
Variation du BFR | 8500 | 4900 | 61400 |
BFR en pourcentage | - | 58% | -10% |
Évidemment, tout ceci est arbitraire, basez-vous sur votre propre bilan d’entreprise plutôt que sur l’exemple pour étudier votre BFR. Voici pour vous aider le fichier Excel pour effectuer vos propres calculs.
Comment minimiser les conséquences du BFR ?
Vous avez les cartes en main pour améliorer la performance de votre entreprise. Voici quelques conseils afin de limiter les dégâts potentiels d’une trésorerie mal gérée :
- Pensez à faire un tableau d’activité des flux de votre entreprise,
- Limiter le plus possible vos stocks, quitte à fonctionner en flux tendus surtout si vous démarrez votre activité,
- Négociez les délais plus que le prix auprès de vos fournisseurs,
- Pensez à augmenter votre apport au lancement de votre activité,
- Faites faire des acomptes si c’est possible dans votre activité,
- Prenez en compte la saisonnalité pour les réassorts,
- Faites appel à des sociétés spécialisées dans le rachat de créances,
- Négociez des délais si c’est vraiment nécessaire des allègements de versements auprès des organismes sociaux et fiscaux, en expliquant une situation temporaire d’accroissement des besoins de trésorerie.
Exemple de Besoins en fonds de roulement atypique
Il est connu que certaines entreprises bénéficient de BFR encourageants, voire même négatifs. Vous avez vu plus haut que le calcul correspond à une simple soustraction entre les ressources et les besoins. Dans la grande distribution, les clients paient tout de suite généralement alors que les fournisseurs des grandes surfaces ont des délais beaucoup plus longs pour être payés. Ce décalage permet donc aux géants de la distribution d’avoir une trésorerie toujours excédentaire : Les clients paient une marchandise qui n’a pas encore été réglée au fournisseur !
Avec cette manne financière, il est ainsi possible de proposer d’autres services, comme par exemple le montage d’un organisme financier accordant des crédits (L’exemple d’Auchan est très connu pour cela avec la carte Accord).
Le BFR négatif, c’est ce que nous vous souhaitons mais mettez bien tout en jeu dans la balance pour faire vos calculs !
X.D