Il existe plusieurs profils de créateurs d’entreprise. La plus grande partie des porteurs de projets ont une idée en tête issue de leur expérience professionnelle, d’une passion, d’un hobby. Ils ont découvert petit à petit que cette expérience peut leur permettre de créer une entreprise et d’en vivre.
Ceux-là ont souvent besoin d’un soutien méthodologique, pour les aider dans le montage du projet. Souvent, leur expérience leur a permis d’évaluer un certain nombre de points, comme la taille du marché, l’adaptation du produit ou du service à la demande… Voir à ce propos notre sujet sur la segmentation de marché.
A côté de cette typologie de public, il existe un certain nombre de personnes, qui sentent en eux un besoin impétueux de créer une entreprise, mais hélas ils n’ont pas d’idée. Ils achètent des magazines qui leur donnent une tendance sur les activités du moment qui marche. Mais l’envie de créer ne va pas faire de moi un boucher ou un horticulteur.
Cette absence de projet ne fait pas d’eux de mauvais porteurs. Elle leur rend plus difficile la démarche mais cela ne la rend pas impossible. De plus, au rang des avantages, quand ils cherchent une idée ils ont plus de recul que la personne qui souhaite faire d’une passion une entreprise rentable. Mais cela ne dit pas comment ils peuvent trouver une idée ? Pourtant c’est relativement simple et cela tient même en un mot.
La sérendipité, c’est quoi ? Définition du terme
Cinq syllabes qui peuvent faire penser que le concept est complexe. Pas du tout, c’est même l’inverse, mais cela nécessite une certaine posture intellectuelle, qu’il convient de travailler.
Alors la Sérendipité c’est quoi ? Commençons par deux exemples pour illustrer le propos.
Exemple 1
Et même un exemple célèbre. Christophe Colomb. Il cherchait un chemin par l’ouest pour les indes, il n’avait pas tort on peut y aller par l’ouest, mais il y avait juste un petit bout de terre entre lui et l’Inde… l’Amérique.
En résumé : il cherche un chemin plus court et il découvre un continent. Il a commis une énorme bévue. Mais une bévue qu’il la fait rentrer dans l’histoire.
Exemple 2
1928, Alexander Fleming chercheur de son état, remarque qu’une de ses boîtes de culture n’est pas bien nettoyée et elle contient un espace vide là où il devait y avoir un champignon. Il analyse cet espace et y trouve le pénicillium dont un autre chercheur tirera un médicament la pénicilline.
Voici ce qu’est la sérendipité. C’est le fait de trouver quelque chose que l’on ne cherche pas.
Certains diront que c’est le hasard. Mais non pas du tout, dans ces deux cas, c’est bien deux personnes qui cherchent quelque chose et qui trouvent autre chose.
C’est une définition simple de la sérendipité. Dis autrement, cherchez et vous trouverez. Mais pas forcément ce que vous vouliez trouver.
Et alors est-ce grave docteur ? Non pas du tout. Au contraire c’est même souvent mieux que l’idée de base.
En résumé comment faire de la sérendipité ?
C’est une question de posture. Avant d’être un chef d’entreprise, vous devez devenir un chercheur.
Pas le chercheur avec une blouse dans un laboratoire ! Non au contraire sur le terrain. Il faut sortir fureter et espionner.
Il y a quelques années, dans une émission forte intéressante sur l’intelligence économique (en français dans le texte, espionnage industriel) un responsable militaire travaillant pour la DGSE, expliquait que 95% de ce qui fait une entreprise quel que soit sa taille et public. C’est-à-dire que 5% seulement des informations ultra stratégiques sont dans un coffre-fort. On est loin de James bond, les services de la DGSE, travaillent souvent devant un ordinateur plutôt que dans les palaces de la côte d’azur.
Un exemple pour illustrer, la célèbre formule de Coca-cola, la légende dit qu’elle est cachée dans un coffre-fort dont 2 personnes ont la clé bla bla bla…
Vous pouvez écouter cette belle histoire de storytelling ou vous allez au magasin le plus proche vous acheter une bouteille de Coca-cola, vous vous rendrez au CNRS ou dans une université proche. Vous louez quelques heures un spectrogramme de masse qui vous donnera la liste et le nombre de molécules présentes dans une centilitre de cette boisson. Coca-cola est le maître incontesté du marketing. C’est quand même cette marque qui a inventé le Père-Noël ! Ce n’est pas rien.
Cela casse le mythe, mais révèle qu’uniquement en observant les autres entreprises du secteur convoité, on peut trouver beaucoup d’informations. Dans le titre de cet article, nous parlons de « trouver une idée ». Mais pour la trouver il faut chercher. Si vous partez du principe que tout a été trouvé, alors on ne cherche pas.
La sérendipité : La preuve que tout reste à inventer
Tout reste à inventer, que ce soit technologique, dans les services, dans l’enseignement, dans l’artisanat, dans la médecine. Et d’autres secteurs, il existe une quantité illimitée de découvertes à réaliser.
La création d’entreprise porte dans son ADN l’innovation, ne reproduisez jamais ce que vous avez vu, partez toujours du principe que les objets et les services que vous consommez sont totalement incomplets. Ils peuvent toujours être améliorés, perfectionnés.
On peut innover dans le sandwich, le jean, le journal papier, dans le bâtiment…
Vous n’y croyez pas ? Le bagels, n’est-il pas un sandwich ?
Le jean, avec des trous, de couleur, slim, élastique….Le jean n’en finit pas de se réinventer.
Il y a dix ans sortaient les journaux d’informations gratuits que l’on donne à la sortie des gares et des métros. Ils allaient tuer la presse payante, ils ont pratiquement disparu et des nouveaux journaux payants apparaissent. Je vous invite à aller voir le UN.
Dans le bâtiment, la maison bois, la maison imprimée, la maison container…
Allez chercher dans des secteurs éloignés du vôtre. Vous pourrez peut-être trouver une manière différente de vendre un produit ou un service. Les pays limitrophes offrent déjà une quantité non négligeable d’idées transposables. C’est la raison qui a poussé le monde de la restauration depuis des années à aller chercher des saveurs de cuisines du monde entier. Et à chaque fois cela fonctionne.
Une posture de chercheur pour entreprendre ?
L’entrepreneur peut-il devenir chercheur nous direz-vous ? Voici la posture à avoir :
- C’est un temps important derrière un ordinateur,
- S’abonner à une ou deux revues spécialisées,
- Aller chez les concurrents avec des lunettes noires et un journal,
- Aller voir ailleurs ce qui ce passe, à l’étranger ou dans des endroits éloignés de vous,
- Participer à des salons de grande ampleur,
- Être en mode chercheur 24h/24 et 7j/7.
Si vous respectez cette démarche, vous êtes certain à cent pour cent de trouver la bonne idée qui vous permettra de vous différencier de la concurrence et par voie de conséquence de bétonner votre business model.
Comme vous l’avez sans doute compris, cela demande une préparation de plusieurs mois avant la naissance même du projet.
Mais vous éviterez de monter un projet d’entreprise de A à Y pour vous rendre compte à la toute fin que votre seul moyen de vous différencier sera de monter un plan de communication agressif qui n’offre aucune certitude quant à la réussite du projet.
La sérendipité peut vous donner une très grande longueur d’avance en vous différenciant largement de ce qui ce fait habituellement.
X.D