Comprendre les montages de SCI avec une holding : Les possibilités

Les sociétés civiles immobilières (SCI) sont des structures populaires en France pour gérer et transmettre un patrimoine immobilier. Lorsqu’elles sont associées à des montages de holdings, elles offrent une flexibilité et des avantages fiscaux adaptés à des besoins variés. Voici une exploration des sept montages les plus courants pour optimiser la gestion immobilière via une SCI.

Les schémas traditionnels des SCI : Entre transparence et fiscalité optimisée

Les sociétés civiles immobilières offrent une grande souplesse pour la gestion et la transmission d’un patrimoine immobilier. Selon le régime fiscal choisi (impôt sur le revenu (IR) ou impôt sur les sociétés (IS)) les avantages, obligations et implications financières varient considérablement.

Une SCI détenue par deux personnes physiques

Ce montage est le plus courant et le plus simple à mettre en place et il permet à deux personnes physiques, souvent un couple ou deux membres d’une même famille, de détenir et gérer ensemble un patrimoine immobilier. Une SCI est dite « transparente fiscalement », ce qui signifie que les bénéfices et les revenus générés par la société ne sont pas directement imposés au niveau de la société elle-même, mais au niveau de chaque associé, proportionnellement à leurs parts respectives. Les associés doivent alors déclarer ces revenus dans leur déclaration personnelle sous le régime du revenu foncier (formulaire 2044) ou du microfoncier si les revenus sont inférieurs à 15 000 euros par an.

D’un point de vue juridique, il est important de noter que la responsabilité des associés est indéfinie et conjointe. En cas de dettes de la SCI, chaque associé peut être sollicité pour couvrir les pertes, au prorata de sa participation. Contrairement à une SAS ou une SARL, où la responsabilité est limitée aux apports, ici le patrimoine personnel des associés peut être engagé.

Ce schéma est particulièrement avantageux pour les couples non mariés ou pacsés qui souhaitent organiser la transmission successorale de manière fluide. En cas de décès de l’un des associés, l’autre peut conserver l’usufruit du bien immobilier grâce au mécanisme du démembrement de propriété (articles 578 à 624 du Code civil). Par exemple, un couple peut prévoir dans les statuts que le survivant conserve l’usufruit du bien tandis que la nue-propriété revient aux héritiers. Cela permet de sécuriser le conjoint survivant tout en préparant la transmission aux enfants, souvent avec une fiscalité allégée grâce aux abattements prévus par la loi (100 000 euros d’abattement par parent et par enfant tous les 15 ans).

Enfin, ce montage est également adapté aux projets modestes, avec des biens de faible valeur, et il évite les frais supplémentaires liés à la gestion comptable obligatoire d’autres structures plus complexes.

Une SCI à l’impôt sur les sociétés (IS)

Opter pour l’impôt sur les sociétés (IS) avec une SCI est une décision stratégique qui peut présenter de nombreux avantages fiscaux, en particulier pour les investisseurs ayant des projets immobiliers à forte rentabilité ou nécessitant des travaux importants. Contrairement à une SCI transparente (à l’impôt sur le revenu – IR), une SCI à l’IS est imposée directement sur ses bénéfices au taux réduit de 15 % jusqu’à 42 500 euros de bénéfices, puis au taux normal de 25 % au-delà (taux applicable en 2024).

L’un des principaux atouts de ce régime est la possibilité d’amortir le bien immobilier. Cela signifie que chaque année, une partie de la valeur du bien est déduite des bénéfices imposables, ce qui peut aboutir à une situation où la SCI ne paie quasiment pas d’impôts pendant plusieurs années. De plus, les frais de notaire, d’agence immobilière et autres charges déductibles peuvent également réduire la base imposable. Par exemple, un bien acheté pour 300 000 euros peut générer un amortissement de 2 % par an pendant 30 ans, soit 6 000 euros annuels déductibles des bénéfices.

Cependant, le choix de l’IS est irrévocable. Une fois cette option activée, il est impossible de revenir au régime de l’impôt sur le revenu. De plus, lors de la revente du bien, les plus-values immobilières sont calculées en fonction de la valeur nette comptable (prix d’achat diminué des amortissements déjà déduits). Par exemple, si un bien a été acheté 300 000 euros, qu’il a été amorti de 60 000 euros sur 10 ans, et qu’il est revendu 400 000 euros, la plus-value imposable sera calculée sur 400 000 – (300 000 – 60 000) = 160 000 euros, soit une somme bien plus élevée qu’avec une SCI à l’IR.

Enfin, une SCI à l’IS nécessite une comptabilité rigoureuse et annuelle, avec dépôt d’une déclaration 2065 et des états financiers certifiés par un expert-comptable. Cela entraîne des frais supplémentaires, souvent de l’ordre de 1 000 à 2 500 euros par an, selon la complexité du dossier.

En conclusion, une SCI à l’IS est particulièrement adaptée aux projets nécessitant des investissements importants, avec une stratégie d’optimisation fiscale sur le long terme. Elle est également intéressante pour les investisseurs souhaitant réinvestir les bénéfices dans d’autres projets immobiliers sans passer par une imposition personnelle élevée.

Ces deux schémas classiques (SCI à l’IR et SCI à l’IS) offrent des avantages distincts et doivent être choisis en fonction de la stratégie patrimoniale, fiscale et successorale de chaque investisseur.

schema et charges dfiscales et sociales

Chaque schéma de montage a des implications sociales et fiscales qui lui sont propres

Les montages complexes de Holding avec SCI : Intégrer des sociétés pour plus de flexibilité

Associer une SCI à une holding permet de structurer efficacement un patrimoine immobilier tout en optimisant la fiscalité et la gestion financière. Ces montages offrent une grande flexibilité pour les investisseurs souhaitant séparer leurs activités opérationnelles de leurs actifs immobiliers.

Une SCI détenue par une SAS et une personne physique

Associer une SAS (Société par Actions Simplifiée) à une SCI (Société Civile Immobilière) est une stratégie particulièrement adaptée aux entrepreneurs souhaitant combiner souplesse de gestion et optimisation fiscale. La SAS, en tant que société commerciale, permet une plus grande liberté dans les apports financiers et facilite les opérations de financement grâce à sa capacité à lever des fonds auprès d’investisseurs ou à contracter des emprunts.

La clé de ce montage réside dans la répartition des parts sociales entre la personne physique et la SAS. Il est recommandé que la SAS détienne une part majoritaire (par exemple, 70 % des parts de la SCI) afin de faciliter les apports financiers. À l’inverse, une mauvaise répartition, par exemple si la SAS ne détient qu’une faible participation (moins de 10 %), pourrait poser des difficultés pour justifier des transferts de fonds ou des financements apportés par la société à la SCI. Cela pourrait même exposer les associés à des risques juridiques tels que l’abus de biens sociaux (article L241-3 du Code de commerce) ou des prêts indirects interdits entre associés.

D’un point de vue fiscal, si la SCI opte pour l’impôt sur les sociétés (IS), les bénéfices réalisés seront imposés au taux de 15 % jusqu’à 42 500 euros de bénéfices, puis à 25 % au-delà. Les dividendes distribués à la SAS seront alors soumis à une imposition spécifique au niveau de la SAS, généralement réduite grâce au régime « mère-fille » (article 145 du CGI) permettant une exonération à hauteur de 95 % des dividendes reçus, sous réserve du respect de certaines conditions.

En pratique, ce schéma est particulièrement adapté aux dirigeants d’entreprise souhaitant développer un patrimoine immobilier via leur société, tout en évitant une imposition trop lourde sur les revenus immobiliers.

Une SCI détenue par deux sociétés

Lorsqu’une SCI est détenue par deux sociétés, souvent des SAS ou SARL, ce montage permet une séparation claire entre les actifs immobiliers et les activités opérationnelles des entreprises. Il est couramment utilisé dans le cadre d’investissements locatifs importants ou pour des projets nécessitant des structures complexes de financement.

Fiscalement, une SCI détenue par deux sociétés est généralement soumise à l’impôt sur les sociétés (IS). Les bénéfices dégagés par la SCI seront imposés directement au taux de 15 % jusqu’à 42 500 euros de bénéfices, puis 25 % au-delà. Les sociétés mères, quant à elles, peuvent percevoir les dividendes de la SCI avec une fiscalité avantageuse, notamment grâce au régime « mère-fille » évoqué précédemment.

Un exemple typique serait une SCI créée pour acquérir un immeuble commercial. Chaque société détentrice peut alors utiliser sa part des bénéfices pour financer ses propres opérations ou redistribuer les dividendes à ses actionnaires. Toutefois, pour éviter des complications fiscales et sociales, les flux financiers doivent être clairement définis et justifiés. Par exemple, si une SARL est majoritaire, les distributions de bénéfices pourraient être requalifiées en salaires, entraînant des charges sociales importantes.

En résumé, ce montage est efficace pour structurer des investissements de grande envergure, mais il nécessite une gestion comptable et juridique rigoureuse pour éviter des requalifications fiscales défavorables.

Une SCI transparente avec deux sociétés

Contrairement aux idées reçues, une SCI détenue par deux sociétés peut conserver son régime de transparence fiscale (impôt sur le revenu – IR) tant qu’elle ne réalise pas d’activités considérées comme commerciales, telles que la location meublée. Ce montage est particulièrement pertinent lorsqu’il s’agit de biens immobiliers loués nus à des fins professionnelles ou de locaux d’entreprise.

Dans ce cas, les bénéfices générés ne sont pas imposés au niveau de la SCI, mais directement au niveau des deux sociétés associées, proportionnellement à leur quote-part. Cela permet aux sociétés mères de déclarer les revenus dans leur propre régime fiscal. Par exemple, si une SARL détient 60 % des parts et une SAS 40 %, les bénéfices de la SCI seront répartis et imposés au prorata dans chaque structure.

Cependant, la transparence fiscale impose une gestion comptable plus complexe, car elle doit tenir compte à la fois des règles des revenus fonciers (pour les sociétés à l’IR) et des bénéfices industriels et commerciaux (BIC) si la SCI est considérée comme une entité commerciale par l’administration fiscale (en cas d’erreur de gestion, par exemple).

Un autre point d’attention concerne l’amortissement. Contrairement à une SCI à l’IS, où les biens peuvent être amortis pour réduire la base imposable, une SCI transparente ne permet pas cet avantage. Toutefois, elle offre une plus grande simplicité lors de la cession des biens, avec une taxation des plus-values immobilières des particuliers (article 150-U du CGI), qui bénéficie d’un abattement pour durée de détention (exonération totale après 22 ans pour l’impôt et 30 ans pour les prélèvements sociaux).

En conclusion, ce montage est idéal pour des sociétés ayant des objectifs de gestion patrimoniale à long terme, mais il nécessite une comptabilité hybride complexe, combinant les spécificités des sociétés associées et de la SCI transparente.

observer les implications comptables du montage

Il faut observer les implications comptables du montage

Intégrer une holding pour protéger et transmettre son patrimoine

L’intégration d’une holding dans une stratégie patrimoniale permet de sécuriser les actifs immobiliers tout en optimisant leur transmission aux générations futures. Ce modèle offre également des avantages fiscaux significatifs, notamment grâce au régime mère-fille et aux possibilités de démembrement des parts sociales (voirici toutefois notre sujets sur les erreurs dans les montages de holding).

La SCI mixte : Société IS et personne physique

Le montage d’une SCI mixte, associant une société soumise à l’impôt sur les sociétés (IS) et une personne physique imposée au titre des revenus fonciers, est une structure hybride souvent utilisée pour combiner les avantages de ces deux régimes fiscaux. Ce modèle permet à une société IS de bénéficier des mécanismes d’amortissement et de déduction des charges, tandis que la personne physique continue à percevoir des revenus fonciers imposés selon le barème de l’impôt sur le revenu (IR).

Cependant, cette configuration soulève des défis majeurs, notamment sur le plan comptable et fiscal (Parlez-en à votre expert-comptable). En effet, la société IS fonctionne avec une comptabilité d’engagement, prenant en compte les créances et les dettes dès leur naissance, tandis que la personne physique relève d’une comptabilité de trésorerie, enregistrant les flux au moment des encaissements et des décaissements. Cette dualité peut engendrer des complications lors de la répartition des revenus ou de la gestion des déficits.

Par exemple, si un bien immobilier détenu par la SCI génère un déficit foncier, la personne physique peut l’imputer directement sur ses autres revenus fonciers dans la limite de 10 700 euros par an (article 156 du Code général des impôts). En revanche, la société IS ne pourra pas imputer ce déficit sur d’autres revenus, mais devra le reporter sur les bénéfices futurs.

Un autre enjeu réside dans la cession des parts sociales. Lors de la vente, les parts détenues par la société IS sont soumises à une taxation différente de celles détenues par la personne physique. La plus-value réalisée par la société IS sera imposée au taux normal de l’impôt sur les sociétés (25 % en 2024), tandis que la plus-value réalisée par la personne physique suivra le régime des plus-values immobilières des particuliers, avec un abattement progressif pour durée de détention (exonération totale après 22 ans pour l’impôt sur le revenu et 30 ans pour les prélèvements sociaux).

En somme, une SCI mixte offre des avantages indéniables pour les investisseurs souhaitant maximiser leurs stratégies fiscales, mais elle requiert une gestion rigoureuse et une expertise comptable spécialisée pour éviter les erreurs d’imputation et les redressements fiscaux. Ce montage est particulièrement adapté aux projets où l’association d’une personne physique et d’une société répond à des objectifs complémentaires, tels que la transmission, la rentabilité optimisée et la réduction des risques patrimoniaux.

Une holding détenant une SCI

L’intégration d’une holding dans une stratégie SCI est devenue une pratique courante pour les investisseurs souhaitant structurer un patrimoine immobilier de manière optimale, sécurisée et fiscalement avantageuse. Ce montage repose sur une société holding qui détient les parts d’une SCI, agissant ainsi comme un intermédiaire stratégique entre les associés et les biens immobiliers.

1. Optimisation fiscale et gestion des flux financiers

L’un des principaux avantages de ce montage réside dans la fiscalité allégée des dividendes grâce au régime mère-fille (article 145 du CGI). En effet, les dividendes remontant de la SCI à la holding bénéficient d’une exonération de 95 %, n’étant imposés qu’à hauteur de 5 % du montant distribué. Cela permet d’éviter la double imposition souvent rencontrée lorsque les bénéfices sont directement distribués aux associés personnes physiques.

Par exemple, si une SCI génère un bénéfice net imposable de 100 000 euros, seuls 5 000 euros seront imposés au niveau de la holding, au lieu d’une taxation complète si le bénéfice était directement distribué à une personne physique.

2. La sécurité patrimoniale

La holding agit également comme un bouclier patrimonial. En cas de difficultés financières rencontrées par une société opérationnelle (par exemple, une SAS détenue par le même entrepreneur), le patrimoine immobilier détenu via la SCI reste protégé et isolé dans la holding. Cela évite que les créanciers d’une activité à risque puissent saisir les biens immobiliers.

Un cas concret serait un entrepreneur dont la société opérationnelle rencontre un redressement fiscal important. Grâce à la structure de la holding, les actifs immobiliers restent inaccessibles aux créanciers de la société en difficulté.

3. La transmission intergénérationnelle

La holding offre des avantages significatifs pour organiser la transmission du patrimoine immobilier aux héritiers. Grâce au démembrement des parts sociales, les parents peuvent transmettre la nue-propriété des parts de la holding à leurs enfants, tout en conservant l’usufruit. Cela permet de bénéficier d’une fiscalité réduite et de préparer efficacement la succession.

Par exemple, une transmission anticipée via une donation de la nue-propriété peut permettre de profiter de l’abattement de 100 000 euros par enfant et par parent renouvelable tous les 15 ans (article 790 G du CGI). De plus, à la fin de l’usufruit, les enfants récupèrent automatiquement la pleine propriété des parts sans frais supplémentaires.

4. Une structure adaptable et évolutive

La holding permet également une grande flexibilité dans l’organisation du patrimoine. Si les associés souhaitent céder une société opérationnelle, ils peuvent le faire sans toucher aux biens immobiliers détenus par la SCI. De même, en cas de risque juridique ou financier lié à une activité, il est possible de se désengager rapidement de la société concernée sans affecter le reste du patrimoine.

En conclusion, le montage d’une holding détenant une SCI est particulièrement recommandé pour les investisseurs ayant des objectifs patrimoniaux à long terme. Qu’il s’agisse de protéger les actifs, d’optimiser la fiscalité ou de préparer la transmission, ce modèle constitue une solution robuste et flexible, bien qu’il nécessite une mise en place rigoureuse et un suivi comptable spécialisé.

Pour conclure avec les montages de sci et holding

Nous avons ici pu observer sept montages de SCI avec une holding offrent une multitude de solutions adaptées à divers besoins : protection du patrimoine, optimisation fiscale, et transmission. Que ce soit pour investir, développer ou transmettre un patrimoine immobilier, chaque configuration présente ses avantages et inconvénients.

Pour les particuliers ou entrepreneurs intéressés, une étude approfondie avec un professionnel comme un avocat spécialisé en Droit des affaires de chaque schéma est essentielle pour choisir la structure la mieux adaptée à leurs objectifs.

D.A.

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