Qu’est-ce qu’une invention ? Définition

De l’ampoule électrique à la roue, en passant par le téléphone, les inventions ont façonné notre monde et modifié radicalement notre façon de vivre. Mais qu’est-ce qu’une invention au juste ? Comment se différencie-t-elle de l’innovation ? Dans cet article, plongeons ensemble dans le cœur de ces concepts, leurs théories, et leur mise en pratique potentielle en entreprise.

La définition d’une invention

L’invention est un terme qui évoque l’émergence de quelque chose d’original et de novateur. Plus précisément, une invention est la matérialisation d’une idée, d’un concept, d’une réalisation ou d’une méthode qui, jusqu’à sa conception, était soit inexistante, soit substantiellement différente de ce qui était connu auparavant. Elle peut également être perçue comme une avancée majeure ou une optimisation significative d’un dispositif, d’un processus ou d’une technique déjà en place. Au cœur de chaque invention, il y a une démarche créative profonde. C’est un processus qui naît souvent d’un désir de résoudre un problème spécifique ou de combler un vide dans une certaine sphère de la connaissance ou de la technologie. Cette démarche va au-delà de la simple idéation, car elle implique la concrétisation de cette idée en une forme tangible ou applicable.

Il est également important de noter que, bien que toutes les inventions ne débouchent pas nécessairement sur des découvertes révolutionnaires ou des percées technologiques, nombre d’entre elles sont intrinsèquement liées à ces moments « Eurêka » où la frontière de ce que nous savons et comprenons est repoussée. Dans de nombreux cas, en effet, une invention peut jeter les bases de futures innovations, transformant ainsi une idée créative en un produit ou une solution qui a un impact réel et mesurable sur la société.

La différence entre l’invention et l’innovation

L’invention et l’innovation sont deux termes fréquemment utilisés, parfois de manière interchangeable, mais qui renferment des nuances distinctes. L’invention représente la genèse d’une idée, le moment où un concept ou une solution naît pour la première fois, que ce soit sous la forme d’un prototype, d’une méthode ou d’une idée complètement nouvelle. C’est le produit initial de la créativité et de l’ingéniosité humaine.

En revanche, l’innovation va finalement un cran plus loin car elle prend cette invention (cette idée brute) et la transforme en quelque chose de tangible, applicable et surtout, de valorisé sur un marché ou dans une communauté. L’innovation implique la mise en œuvre effective de l’invention dans un contexte réel, en s’assurant qu’elle répond aux besoins, qu’elle est viable et qu’elle apporte une valeur ajoutée concrète, que ce soit économique, sociale ou culturelle.

Il faut comprendre qu’une invention peut rester au stade de la conceptualisation et elle peut être un prototype fonctionnel ou une idée brillante sur papier, mais sans application ou adoption dans le monde réel, elle n’atteint pas dans ce cadre le stade de l’innovation. Par exemple, un scientifique peut inventer une nouvelle technologie, mais si cette technologie n’est jamais produite en masse, intégrée dans des produits ou adoptée par des consommateurs ou des industries, elle demeure une invention non innovée.

Cependant, le contraire est rarement vrai : pour qu’il y ait innovation, il faut presque toujours qu’il y ait eu une invention au départ. Une innovation est le reflet d’une invention réussie, adaptée et adoptée par une audience ou un marché cible. En somme, alors que l’invention marque la naissance d’une idée, l’innovation symbolise son épanouissement et sa réalisation concrète dans le monde.

Les théories sur l’invention

Plusieurs théoriciens ont tenté de décrypter le processus d’invention. Voici quelques-unes des théories notables sur ce sujet très « humaniste » :

L’acte d’inventer, qui a profondément façonné l’histoire humaine, a suscité de nombreuses théories cherchant à déterminer sa nature et ses origines. Voici une exploration approfondie de trois d’entre elles : le ou la génie solitaire, l’approche systémique et la « théorie de l’évolution technologique ».

La vision du « génie solitaire »

Selon cette réflexion, l’invention est le fruit d’individus extraordinaires, souvent qualifiés de génies, dont l’intelligence, l’ingéniosité et la créativité surpassent de loin la norme. Ces individus possèdent une capacité innée à voir au-delà des limites établies, à imaginer ce qui n’a jamais été pensé et à concrétiser ces visions en réalisations tangibles.

4 exemples emblématiques parmi tant d’autres :

  • Marie Curie : L’une des scientifiques les plus emblématiques de l’histoire, Marie Curie est un phare d’innovation et de persévérance. Née en Pologne et ayant émigré en France, elle est devenue la première femme à remporter un prix Nobel et reste à ce jour la seule personne à avoir remporté des prix Nobel dans deux disciplines scientifiques différentes: la physique et la chimie. Son travail sur la radioactivité, un terme qu’elle a d’ailleurs inventé, a jeté les bases de nombreuses avancées en médecine et en science. Avec son mari, Pierre Curie, elle a découvert les éléments polonium et radium. Elle a également développé des méthodes pour isoler les substances radioactives et a étudié leurs propriétés et leurs applications, notamment en oncologie. Sa détermination, sa curiosité et son génie ont laissé un héritage durable dans le domaine des sciences et ont pavé la voie à de nombreuses avancées médicales et technologiques ;
  • Thomas Edison : C’est incontestablement l’une des figures les plus emblématiques de l’histoire de l’innovation et avec un impressionnant répertoire de plus de 1000 brevets déposés à son nom, il est considéré non seulement comme l’archétype du génie inventeur, mais aussi comme l’une des principales forces motrices qui ont façonné l’ère moderne. Ses contributions vont bien au-delà de simples inventions; elles représentent des révolutions qui ont redéfini la manière dont la société perçoit et utilise la technologie. Prenez l’exemple de l’ampoule électrique : bien que plusieurs inventeurs aient travaillé sur des concepts d’éclairage avant lui, c’est Edison qui a réussi à créer une version commercialement viable qui a éclairé des millions de foyers et a transformé la nuit en jour. Sa création du phonographe n’a pas seulement offert une nouvelle manière d’apprécier la musique et les sons, mais a également jeté les bases de l’industrie de l’enregistrement. De même, sa caméra de cinéma n’a pas seulement permis la capture d’images en mouvement; elle a été le précurseur d’une industrie cinématographique qui allait devenir l’une des plus influentes du 20ème siècle ;
  • Hedy Lamarr : Bien que principalement reconnue comme une actrice hollywoodienne des années 1930 et 1940, Hedy Lamarr était également une inventrice accomplie. En collaboration avec l’inventeur George Antheil, elle a co-inventé un système de « saut de fréquence » destiné à prévenir l’interception des transmissions radio par l’ennemi pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce concept est la base des technologies sans fil modernes, telles que le Wi-Fi, le Bluetooth et la communication par satellite. Bien que son invention n’ait pas été utilisée comme prévu initialement pendant la guerre, sa contribution à la technologie moderne est indéniable. Lamarr prouve que l’innovation peut venir de domaines inattendus et que le talent ne connaît pas de limites ;
  • Nikola Tesla : Originaire de la Croatie d’aujourd’hui et ayant passé la majeure partie de sa vie professionnelle aux États-Unis, est une figure qui, à bien des égards, a défié les normes conventionnelles de son époque. Tout comme Edison, Tesla était un innovateur d’une envergure exceptionnelle, mais avec une approche et une vision très différentes. En se concentrant principalement sur l’électricité alternée (AC), il a introduit des concepts et des idées qui allaient révolutionner la manière dont l’électricité était produite, distribuée et utilisée.Là où de nombreux inventeurs de son époque se contentaient d’apporter des améliorations marginales, Tesla envisageait des systèmes plus vastes et plus interconnectés. Son travail sur le courant alternatif en est un parfait exemple. À une époque où le courant continu (DC) dominait, Tesla a vu le potentiel révolutionnaire du courant alternatif. Il a compris qu’avec le courant AC, l’électricité pouvait être transportée sur de longues distances avec une perte minimale d’énergie, rendant ainsi possible l’électrification de vastes régions et la centralisation de la production d’électricité.

Cependant, cette théorie « du génie solitaire » est parfois critiquée car elle a tendance à minimiser le rôle de la collaboration, de l’environnement socio-culturel et des influences externes dans le processus inventif.

Hedy Lamarr

Hedy Lamarr est à l’origine de nombreuses inventions

L’approche systémique

La théorie systémique offre une vision plus holistique de l’invention. Selon cette perspective, une invention n’est pas simplement le fruit d’une brillante individualité, mais plutôt le résultat d’un réseau complexe d’interactions. Ces interactions peuvent inclure des échanges entre différents chercheurs, l’évolution des technologies disponibles, les incitations offertes par les entreprises et les institutions, et même les tendances sociétales ou les besoins du marché.

L’innovation serait ainsi le fruit d’un écosystème propice, où chaque élément joue un rôle déterminant dans la naissance et la concrétisation d’une idée. Les clusters technologiques, comme la Silicon Valley, sont des exemples concrets où cette théorie semble se manifester.

L’idée de l’évolution technologique

Cette approche postule que le progrès technologique est un processus accumulatif et chaque nouvelle invention est une extension ou une amélioration de celles qui l’ont précédée. Ainsi, loin d’être des éclairs d’ingéniosité isolés, les inventions seraient des maillons d’une chaîne continue de progrès. Un exemple classique serait le développement du téléphone. De l’invention initiale d’Alexander Graham Bell aux smartphones d’aujourd’hui, chaque innovation s’est appuyée sur les technologies précédentes, les améliorant et les adaptant à de nouveaux besoins et contextes.

Cette théorie suggère que, pour favoriser l’invention, il est essentiel de comprendre et d’étudier le passé technologique, car il contient les graines des découvertes futures. C’est ici que toutes les approches de re-engineering révèlent leur sens.

reengineering

Le reengineering est la clé de nombreuses nouvelles idées

L’invention est-elle toujours technologique ?

Ainsi que nous l’avons vu, la frontière entre l’invention et l’innovation peut parfois être assez floue, surtout du point de vue de celui ou celle qui l’observe (notamment en raison de son milieu culturel). De même il arrive souvent que l’on considère qu’une invention est nécessairement technologique (cela dépend ici de la manière dont on définira ce qu’est la « technologie ». Toutefois, et bien que l’on associe souvent le terme « invention » à des objets ou des dispositifs techniques, le concept d’invention est bien plus vaste et englobe une variété de domaines. Voici quelques exemples d’inventions qui ne sont pas nécessairement « strictement technologiques » dans son sens le plus commun :

  • Les inventions conceptuelles : Ce sont des idées, des théories ou des concepts qui apportent une nouvelle perspective ou une solution à un problème existant. Par exemple, la théorie de la relativité d’Einstein ou le concept de la psychanalyse de Freud peuvent être considérés comme des inventions conceptuelles ;
  • Les inventions sociales : Ces inventions concernent de nouvelles façons d’organiser ou de comprendre les relations sociales. Par exemple, la démocratie, le concept de droits de l’homme, ou même des modèles économiques comme le microcrédit peuvent être considérés comme des inventions sociales ;
  • Les inventions artistiques : Dans le domaine des arts, une nouvelle technique de peinture, un style littéraire inédit ou une approche révolutionnaire de la musique peuvent être considérés comme des inventions. Par exemple, le cubisme en peinture ou le stream of consciousness (flux de conscience) en littérature ;
  • Les inventions linguistiques : L’invention de nouveaux mots, expressions, ou même de langues entières (comme l’espéranto) relève de ce domaine.
  • Les inventions méthodologiques : Dans la recherche et l’académie, de nouvelles méthodes d’étude, de nouvelles techniques d’enquête ou de nouveaux cadres d’analyse peuvent être inventés pour aborder des problèmes sous un angle différent ;
  • Inventions éducatives : De nouvelles méthodologies ou approches pédagogiques, comme la méthode Montessori, peuvent être considérées comme des inventions dans le domaine de l’éducation.

Quelques penseurs de l’invention et de l’innovation pour aller plus loin

La littérature scientifique et la pensée globale de l’invention mais aussi de l’innovation est assez riche. Citons ici quelques auteurs pour aller plus loin sur notre thème :

  • Thomas Kuhn : « La Structure des révolutions scientifiques » : Kuhn explore la manière dont les avancées scientifiques se produisent, décrivant le processus par lequel les « paradigmes » dominants sont remplacés par de nouveaux ;
  • Joseph Schumpeter : Cet économiste est célèbre pour avoir introduit le concept de « destruction créatrice », où les innovations renversent continuellement l’ancien ordre économique pour créer un nouvel ordre ;
  • Karl Popper : Philosophe des sciences, il a exploré la nature de la découverte scientifique et comment les théories scientifiques évoluent et sont mises à l’épreuve ;
  • Richard R. Nelson et Sidney G. Winter : « Une théorie évolutionniste du changement économique » : Ce livre examine comment les entreprises et les industries innovent et évoluent au fil du temps ;
  • Clayton Christensen : « The Innovator’s Dilemma » : Christensen étudie pourquoi certaines entreprises échouent face à l’innovation disruptive et comment d’autres peuvent s’adapter ;
  • Robert Merton : Sociologue qui a étudié la structure sociale de la science. Il a introduit des concepts tels que la « priorité » en science, qui traite de la reconnaissance des découvertes scientifiques ;
  • Paul Romer : Économiste qui a joué un rôle clé dans le développement de la théorie de la croissance endogène, où l’innovation technologique est considérée comme un facteur interne de croissance économique ;
  • Bruno Latour : Un sociologue et anthropologue qui, à travers des œuvres comme « La Science en action », a étudié le processus de l’innovation et de la découverte scientifique dans le contexte social.

Ces auteurs et leurs travaux offrent des perspectives variées sur l’invention, l’innovation, et le rôle que jouent ces phénomènes dans le progrès scientifique, technologique et économique.

Karl Popper

Karl Popper est la pensée scientifique

Une mise en pratique pour l’entreprise ?

L’application concrète d’une invention au sein d’une structure d’entreprise est une démarche délicate qui requiert une approche structurée et réfléchie ; La recherche s’organise en entreprise, ainsi que nous l’avons déjà évoqué. Voici une séquence étendue des étapes primordiales à suivre pour assurer une transition fluide de l’invention vers une exploitation commerciale viable :

  1. Une analyse approfondie et sauvegarde : Avant tout, il est impératif de procéder à une évaluation méticuleuse de l’invention pour en déterminer la pertinence et le potentiel commercial. Si l’évaluation révèle un potentiel significatif, la priorité est alors de sécuriser l’invention. Cela peut se faire en déposant des brevets ou en instaurant d’autres mécanismes de protection intellectuelle, afin de préserver l’exclusivité de l’innovation ;
  2. Une phase de développement : Une fois l’invention sauvegardée, il est temps de passer de la conception à la réalité. Cette étape cruciale vise à transformer le concept initial, souvent matérialisé par un prototype, en un produit fini, adapté aux exigences du marché et répondant aux besoins des consommateurs potentiels ;
  3. Une élaboration de la stratégie de commercialisation : La réussite commerciale ne réside pas uniquement dans l’innovation elle-même, mais également dans la manière dont elle est introduite sur le marché. Il est donc essentiel d’établir une stratégie de marketing robuste et une approche de vente ciblée, adaptées au public visé, pour garantir un lancement réussi ;
  4. Un feedback et une optimisation continue : Une invention, aussi novatrice soit-elle, peut toujours être améliorée. Dès son introduction sur le marché, il est primordial de recueillir les retours des clients et des utilisateurs. Ces feedbacks fournissent des informations inestimables qui permettent d’affiner, d’ajuster et d’améliorer constamment le produit, assurant ainsi sa pertinence et sa compétitivité sur le long terme.

En toute logique, la transition d’une invention vers une réalisation commerciale réussie requiert non seulement de l’innovation technique, mais aussi une planification stratégique, une vision commerciale et une écoute attentive du marché ; Une situation qui est fondamentalement assez rare pour la plupart des entreprises, de manière pratique et en raison des coûts que cela engendre.

R.C.

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