Lorsqu’une société commerciale, comme une SARL (Société à Responsabilité Limitée) ou une société par actions (SAS, SA, etc.) ou même une SCIC, réalise des bénéfices, une partie de ces gains doit être affectée à ce que l’on appelle la « réserve légale ». Cette obligation vise à renforcer la solidité financière de la société. Mais en quoi consiste exactement la réserve légale, comment est-elle constituée, et quelles sont les conséquences de son non-respect ? Voici un tour d’horizon de ce mécanisme très utile à comprendre si vous avez une telle structure.
La définition de la réserve légale d’une société
Dans cette définition, interrogeons-nous sur le principe, le calcul de la dotation et son rôle financier pour l’entreprise :
Les entreprises concernées et les modalités de dotation
Il est plusieurs choses à connaître en la matière :
Quelles sociétés sont concernées ?
Toutes les sociétés ne sont pas soumises à l’obligation de doter une réserve légale. Seules les sociétés à responsabilité limitée (SARL, EURL) et les sociétés par actions (SAS, SASU, SA, SCA) sont tenues de constituer cette réserve. Les entreprises individuelles, les EIRL (Entrepreneurs Individuels à Responsabilité Limitée), les SNC (Sociétés en Nom Collectif) et les sociétés civiles, quant à elles, ne sont pas concernées par cette obligation.
Comment calculer et affecter la réserve légale ?
Dès lors qu’une société réalise un bénéfice, elle doit affecter 5 % du montant de ce bénéfice à la réserve légale. Cette dotation doit se poursuivre jusqu’à ce que la réserve atteigne 10 % du capital social de l’entreprise. Une fois ce seuil atteint, la société n’a plus l’obligation de verser une part de ses bénéfices à la réserve.
Si le capital social de la société évolue, les règles d’affectation à la réserve légale changent également :
- En cas d’augmentation de capital social : La société doit continuer à alimenter la réserve jusqu’à atteindre 10 % du nouveau capital social ;
- En cas de réduction du capital social motivée par des pertes : Il faut reconstituer la réserve légale pour atteindre le seuil de 10 % du capital social réduit ;
- En cas de réduction du capital social non motivée par des pertes : La part de la réserve légale excédant 10 % du nouveau capital peut être affectée à d’autres usages.
Ces plafonds (5 % du bénéfice et 10 % du capital social) sont des montants minimums. Les statuts de la société peuvent prévoir des exigences plus élevées, tant en termes de pourcentage à affecter que de seuil de dotation.
La dotation pratique et les conséquences du non-respect
La réserve légale est un sujet tendu pour lequel il faut respecter plusieurs règles :
Comment la réserve légale est-elle constituée ?
La dotation à la réserve légale est régie par les articles L. 232-10 et L. 232-11 du Code de commerce. Selon ces dispositions, les sociétés concernées sont tenues de constituer une réserve légale lors de l’affectation des résultats de chaque exercice clos.
Chaque année, lors de l’assemblée générale ordinaire approuvant les comptes annuels, 5 % du bénéfice net comptable de l’exercice doivent être affectés à la réserve légale. Ce transfert comptable se traduit par un mouvement dans les comptes : le montant est débité du compte « Résultat de l’exercice » (compte 120000) et crédité au compte « Réserve légale » (compte 106100). Cette opération est donc purement comptable et ne nécessite aucun transfert de trésorerie, l’argent restant dans les comptes de l’entreprise.
La dotation à la réserve légale se poursuit chaque année tant que le montant total de la réserve n’a pas atteint 10 % du capital social, comme le stipule l’article L. 232-10 du Code de commerce. Une fois ce seuil atteint, l’obligation de constituer la réserve légale prend fin, sauf en cas d’augmentation de capital. Dans ce dernier cas, les dotations doivent reprendre jusqu’à ce que la réserve atteigne à nouveau 10 % du nouveau capital social.
Quelles sont les conséquences en cas de non-respect ?
Le non-respect de l’obligation de constituer la réserve légale entraîne des conséquences importantes, régies par l’article L. 232-12 du Code de commerce. Cet article prévoit que toute décision prise en violation de cette obligation est nulle de plein droit. Cela signifie que toute distribution de bénéfices sans respect de la dotation à la réserve légale peut être annulée rétroactivement, mettant en péril la validité des décisions prises lors des assemblées générales.
Cette nullité peut avoir des conséquences financières et juridiques pour la société et ses dirigeants. Premièrement, les distributions irrégulières de bénéfices pourraient être réclamées par les créanciers ou les associés. Ensuite, la responsabilité des dirigeants peut être engagée pour faute de gestion s’ils n’ont pas veillé au respect de cette obligation légale. Enfin, le non-respect de l’obligation de constituer une réserve légale peut susciter des conflits entre associés, notamment en cas de distribution de dividendes irrégulière, entraînant des tensions et des litiges potentiels.
R.C.