Plusieurs aspects sont à prendre en compte, on site fréquemment la simplicité, la légèreté, la rapidité de la création et la possibilité de transformer ce galop d’essai en véritable entreprise.
Petit voyage temporel sur la naissance du régime Micro. Je règle la manette de la machine temporel sur cet évènement et j’arrive en…1991.
Oui, le régime micro a bientôt 28 ans. Sans être un vieux régime, il est loin d’en être à ses débuts. Pourtant un président en 2009 a créé l’Auto-Entreprise (AE), régime simple et rapide ? Oui mais dans les faits l’AE, n’a été qu’une mise à jour du régime micro. Si auparavant les calculs semblaient complexes, L’AE a « simplifié » le calcul. Mais les modalités de fonctionnement sont restées les mêmes.
Pourquoi revenir à la préhistoire ? Pour expliquer que les inconvénients de l’époque sont restés également.
Adieu TVA avec le régime micro
Premier inconvénient, l’impossibilité de récupérer la TVA. Si pour beaucoup cela évoque plus de simplicité, c’est aussi une perte d’argent net sur les investissements.
Un exemple : Vous achetez un ordinateur portable pour travailler, il coûte 800 € HT, pour une entreprise au réel, l’ordinateur lui coûtera réellement 800 €. Pour un entrepreneur en régime micro, il lui coûtera 960€TTC. Soit 160 euros à votre charge.
Second inconvénient, le fait de ne pas la récupérer vous interdira presque de proposer vos prestations à des clients professionnels. Il n’est pas intéressant pour lui de travailler avec une Entreprise-Micro, sauf si vous baissez vos prix à ceux qui proposent un tarif HT. Mais baisser son tarif de 20% a un effet pervers que nous aborderons plus tard.
Troisième et petit inconvénient, si vous ne récupérez pas la TVA, vous devez tout de même penser en HT. En effet vos fournisseurs affichent leurs tarifs en HT. Si vous ne travaillez pas en HT vous allez commettre des erreurs dans le calcul de votre marge et elle sera inférieure.
Quatrième et dernier inconvénient, le passage du plafond. Dès que vous passez le plafond de 33.200€ et après la tolérance de 35.200€, vous devez déclarer la TVA à décaisser. Sauf que les produits que vous avez en stocks ont été achetés TTC. Aussi lors de cette transition vous allez perdre le montant de TVA sur ces produits. Solution, vous ne passez pas le plafond en cours d’année. Si vous l’atteignez, prenez des vacances jusqu’à l’année suivante.
L’avantage de ne pas faire de déclarations de TVA, aucune démarche administrative. Aux yeux des services fiscaux vous êtes un particulier. Ceci vous simplifie la vie. Bon, voici pour quelques inconvénients mais profitons ici pour rappeler que la micro-entreprise fut aussi auto-entreprise, rendant le dispositif très « vendu » par les pouvoir publics.
Type d’entreprises pouvant choisir la micro sans être handicapé par la TVA.
Les entreprises sans achat de matériels, sans achat de matières premières et qui se destinent à proposer des services aux particuliers.
Adieu grosses charges sociales
Un grand nombre d’entrepreneurs en régime micro, déclarent prendre ce statut pour bénéficier de charges sociales faibles.
Premier inconvénient, qui commence par une petite rectification, les charges sociales sont en fait des cotisations sociales. Et ces cotisations sociales, on les nomme parfois salaire différé.
Cela veut dire que vous cotisez pour plus tard, au moment de votre retraire. C’est pourquoi affirmer prendre le régime micro pour bénéficier de moins de salaire différé correspond à se tirer une balle dans le pied. Vous choisissez de manière volontaire de réduire votre retraite.
Second inconvénient, il est possible de prendre ce régime social avec certaines conditions. L’âge importe pour choisir ou pas le régime micro.
Pour expliquer ce point il est nécessaire d’expliquer qu’une retraite se calcule sur deux chiffres importants. Le montant de la retraite sera calculé sur les 25 meilleures années. Cela signifie que l’on va regarder les 25 années où vous avez gagné le plus de salaire.
Et ensuite ce chiffre sera repris en totalité…si vous avez cotisez 43 années soit 176 trimestres. Sinon votre retraite sera amputée en fonction du nombre d’années manquantes.
Voilà pour les bases. Pourquoi aborder ce thème dans le régime social de la micro. Toujours à cause des taux de cotisations faibles. En micro vous cotisez très peu pour la retraite. En résumé les années réalisées en micro ne seront presque jamais retenues dans les 25 meilleures années.
Un exemple, une personne prend sa retraite en 2019, elle a cotisé pendant 43 ans et a toujours gagné le SMIC.
Dans le schéma ci-dessous, la zone bleue correspond aux 17 premières années de salaires et la zone orange correspond aux 25 meilleures années, qui souvent correspondent aux 25 dernières années. Si lors de cette période vous créez une micro, vos cotisations vont chuter et le calcul va se baser sur le SMIC des années antérieures. Qui sont beaucoup plus faibles.
Pour la retraite, après 35-40ans vous devez si vous créez une micro y rester le moins longtemps possible pour éviter que les caisses de retraites reprennent de mauvaises années.
Si vous avez moins de 40 ans, les années passées en micro seront comptabilisées dans les 43 années mais pas dans les 25 meilleures, dans ce cas pas de problème.
La problématique du prix pas cher.
La logique de la micro est de se dire, « j’ai des charges faibles, je vais pouvoir vite me développer en baissant mes prix en-dessous des prix du marché ».
Un exemple :
Monsieur Dupont créé son entreprise en régime micro au premier janvier de l’année N, la concurrence propose un prix de 100€. Il décide de proposer ses prestations à 90€. Cela fonctionne et rapidement il se fait une petite clientèle. Il est content.
L’année suivante, dans la même ville monsieur Martin créé une entreprise lui aussi en micro. Il propose les mêmes prestations que monsieur Dupont. Pour percer rapidement et comme il a de faibles charges il propose ses prestations à 80€. Très rapidement il se fait sa petite clientèle et il est content…..
Etc…Un client qui vient chez vous pour le prix, vous quittera le lendemain s’il trouve moins cher. Il est important de séduire la clientèle par autre chose que le tarif bas. La qualité, la différence, la nouveauté, les horaires décalés, la réactivité d’intervention etc. Ce sont sur ces éléments factuels qu’il convient de se développer.
Mais le prix bas est un piège que beaucoup paient très chers.
Si vous raisonnez de cette manière votre entreprise sera contrainte de baisser ses tarifs et d’augmenter le nombre de clients pour pallier le manque à gagner. Souvent, dans ces conditions, vous allez pour gagner du temps par client baisser la qualité et de fait perdre le client, qui sera mécontent.
Le prix pas cher, doit se pratiquer sur un produit ou un service dans une gamme de produits. On appelle cela un prix d’appel. Mais si tous vos produits ne sont pas chers, c’est une erreur stratégique, que vous pouvez payer cher.
Conclusion : Aucun régime ne vous permet de vendre moins chers. Acheter moins cher est le problème du client. Vous en tant que vendeur, vous devez vendre le plus cher possible.
En Micro on paie moins d’impôt…Vraiment ?
Dans le schéma ci-dessous on compare deux cas avec le même chiffre d’affaires :
- le premier au réel, c’est-à-dire, le cas où l’on peut passer toutes ses charges dans l’entreprise. On est imposé uniquement sur la différence (parenthèse verte) entre le Chiffre d’Affaires et les charges.
- Le second graphique à droite, simule le même chiffre d’affaires. Dans ce cas, les services fiscaux considèrent que vos charges représentent 50% pour les prestations de services et 71% pour l’achat/revente, et ne regardent pas vous charges réelles.
Dans ce second cas, on comprend vite que vous devez à l’inverse du réel minimiser vos charges pour gagner quelque chose. Alors que dans le cas du réel l’entrepreneur doit maximiser (légalement) ses charges. Il peut prendre un téléphone professionnel, participer au loyer de sa maison s’il utilise une pièce à un usage professionnel, comptabiliser ses kilomètres (barème URSSAF) https://www.urssaf.fr/portail/home/taux-et-baremes/indemnites-kilometriques/voiture.html ….
Dans le cas de la micro, si vous avez des déplacements, vous allez prendre une partie de vos prélèvements (le salaire) qui est soumis à des cotisations pour payer vos kilomètres parcourus professionnellement.
Conclusion. La micro est intéressante si vous n’avez pas de charges ou très peu. Mais attention de ne pas les dissimuler dans vos charges du foyer.
Je teste mon marché en micro et si cela fonctionne je créé une SAS ?
Dernier piège : la transition. Vous passez une entreprise individuelle en régime micro à société, au formalisme de fonctionnement important.
L’exemple qui vient immédiatement en tête. Vous passez du vélo à la 1000cm3 sans passer de permis. Bonne chance !
Pourquoi changer d’embarcation en pleine mer ? Vous êtes parti en Entreprise individuelle en régime Micro, changez de régime mais pas de statut. Cela coûte cher, c’est risqué et dangereux.
Conclusion : Il est nécessaire de se concentrer sur l’activité commerciale et de ne pas toucher à la structure juridique qui l’encadre. On peut évoluer très simplement de régime fiscal, de régime social. Mais on ne touche pas aux fondations, au risque de voir le bâtiment s’effondrer.
Micro, un mauvaise régime ?
Absolument pas, tout dépend de ce que vous voulez en faire :
- Vous avez un travail et vous cherchez un revenu d’appoint, foncez sur le régime micro c’est le meilleur pour vous.
- Vous êtes retraité, ou étudiant, idem pour un petit revenu, le régime micro est adapté pour vous.
- Vous sortez de vos études, vous ne trouvez pas un premier job, créez votre entreprise en micro et démarchez les boîtes dans lesquelles vous avez envie de travailler. L’une d’elle finira par être séduite par votre démarche proactive.
- Vous avez moins de 35ans, vous voulez testez un marché et vos capacités entrepreneuriales. Créez votre entreprise en micro, pendant 4 ou 5 ans. Mais ensuite ne restez jamais dans ce régime.
Dans tous les autres cas méfiance, la simplicité est souvent un gage de « payer cher », peut-être pas tout de suite mais 10 ou 20 ans plus tard.
X.D